contemporain, Dramatique

Chanson douce de Leïla Slimani

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Attention à toi ami lecteur !

Après ce livre on ne regarde plus jamais les nounous du même œil !

Résumé :

Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d’un cabinet d’avocats, le couple se met à la recherche d’une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l’affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu’au drame.

La vie est devenue une succession de tâches d’engagements à remplir, de rendez-vous à ne pas manquer. Myriam et Paul sont débordés. Il s’aiment à le répéter comme si cet épuisement était le signe avant-coureur de la réussite. Leur vie déborde, il y a à peine la place pour le sommeil, aucune pour la contemplation. Ils courent d’un lieu à un autre, changent de chaussures dans les taxis, prennent des verres avec des gens important pour leur carrières.

L’histoire :

Au premier abord, le résumé présage un drame familial, un petit polar simplet, mais ce n’est qu’une impression. Dès la première phase, le ton est donné. Le bébé est mort. Et nous savons qui est le tueur… Étrange ? Absence de suspense ? Pourtant c’est très intéressant !

De cette manière, on suit l’enquête non pas du point de vue de la victime ou ses proches, mais de tout ce qui se passe dans cette maison. Nous sommes à la fois une caméra et la pensée/les souvenirs des personnages : tout dépend du contexte. Nous savons (presque) tout et c’est très étrange voire très malsain.

On suit l’évolution de cette petite famille, depuis le jour où Myriam décide de reprendre le travail et d’embaucher une nounou pour ses enfants. Après un casting sévère, elle et son mari semblent avoir trouvé la « perle rare ». Celle qui saura aimer et s’occuper de leurs enfants, mais aussi de leur foyer. Louise, c’est plus qu’une nourrice : c’est aussi une cuisinière d’exception et une ménagère hors pairLa perfection incarnée ?

Les personnages :

C’est compliqué de décrire cette famille. Un père une mère deux enfants : un petit garçon et une fille. C’est une famille en apparence banale mêlant cris, pleurs, rires, joie et demandant beaucoup d’énergie ! On a droit à toute une analyse psychologique des relations de cette famille, une famille comme tant d’autres… jusqu’à l’arrivée d’une Mary Poppins des temps modernes : une nounou nommée Louise !

Questions morales :

Comme je l’ai écrit ci-dessus, ce livre n’est pas un policier ou quelque chose dans ce genre. Il traite plutôt un gros problème de notre société d’un point de vue très original et nous force à analyser et remettre en question nos petites habitudes…

  • Le problème, je pense, est une question de perception : la perception de soi et surtout celle des autres. Je vais sûrement hyperboliser les propos de l’auteure mais le message est fort. Nous vivons dans une société égoïste. Cette société est remplie de personnes à l’abri de leur confort quotidien qui ne s’intéressent pas aux autres. Ces personnes manquent de recul par rapport à leur proches et restent dans l’incompréhension face aux sentiments et aux besoins des autres. On fait tous partie de ses gens, mais à différentes échelles… Et je peux vous dire que Myriam et Paul ont atteint les sommets ! Louise, la perfection, sait se rendre indispensable mais à quel point ?

    En biologie on pourrait dire qu’on passe d’une relation symbiotique à parasitaire ! (mais dans quel sens?)

  • A quoi bon faire des enfants si c’est pour que ce soit une nounou qui s’en occupe et pour ne pas les voir grandir ? C’est aussi une question du roman… Elle rejoint aussi la question de comment être la personne que l’on désire vraiment être. Comment être une femme, une mère, non pas une «««««« bonne épouse »»»»»» mais plutôt comment prendre soin de son couple en couple, de sa maison, et un métier génial ? Peut-on vraiment tout faire parfaitement soitmême ?

Nous ne serons heureux, se dit-elle alors, que lorsque nous n’aurons plus besoin les uns des autres. Quand nous pourrons vivre une vie à nous, une vie qui nous appartienne, qui ne regarde pas les autres. Quand nous serons libres.

Mon avis :

C’est un livre que j’ai beaucoup aimé. Il sait provoquer l’admiration, le dégoût, le questionnement, la peur et tant d’autres émotions. En même temps, l’écriture est très simple, les chapitres sont courts et bien rythmés, les personnages attachants… Je l’ai dévoré

Seul petit bémol : j’ai été déçue par la fin de ce livre. Ce livre a fait tellement de bruits que je m’attendait à une fin spectaculaire qui répondrait à la grande question du POURQUOI ! Mais non… Il y a bien une réponse mais ce n’est pas celle que je voulais. Ça ne doit pas être l’essentiel ! Encore une question. L’histoire commence par une scène de crime mais nous n’avons pas accès à toutes les données de « l’après ». A nous de nous faire notre propre jugement.

Sinon vous savez « pourquoi ce titre » ? (je suis intriguée)

Le destin est vicieux comme un reptile, il s’arrange toujours pour nous pousser du mauvais côté de la rampe.

Pour aller plus loin :

  • Extrait de l’interview de Leïla Slimani

Leïla Slimani, prix Goncourt 2016 : la nounou infanticide était presque parfaite

« Les personnages principaux de vos deux romans sont des femmes…

Peut-être simplement parce que je suis fascinée par les femmes. Il y a une question que je me pose depuis longtemps, et que je n’ai pas fini de me poser: comment être une femme libre tout en étant une épouse, une mère et tout en répondant à certaines injonctions de la société. Car la société n’encourage pas vraiment les femmes à se marginaliser. La question de l’espace qui leur est offert me semble très importante.

Pour cette raison, il me semble très important de développer un regard féminin sur et dans la société. Beaucoup de lectrices me disent qu’elles en ont assez de la façon dont les femmes sont représentées, par les hommes, dans le cinéma ou la littérature : soit idéalisées, soit caricaturées. Il leur semble nécessaire que ça change. »

Titre : Chanson douce

Auteure : Leila Slimani

Éditions : Folio

Genre : contemporain / littérature blanche

Année de parution : 2018 (2016 première version)

Nombre de pages : 256

ISBN :

12 réflexions au sujet de “Chanson douce de Leïla Slimani”

    1. Merci pour l’idée 🙂
      Je ne connaissais absolument pas cette chanson ! Mais j’ai du mal à voir le lien entre Une chanson douce d’Henri Salvador et l’histoire dégagée par le livre… Pour moi cette musique serait plutôt une métaphore à l’amour… Je ne suis donc pas sur de comprendre la « piste » ^^

      J’aime

  1. Je n’ai pas aimé ce roman ni ses personnages que je n’ai pas vraiment compris. J’ai eu l’impression d’avoir été tenue à distance tout le long de ma lecture et le fait qu’on n’est pas de réponse au « Pourquoi » m’a énormément gêné.

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    1. Ah mince… Tenue à distance dans quel sens ? C’est vrai que le point de vue abordé est très différent de ce qu’on peut avoir habituellement… :/
      Moi aussi au début, mais maintenant mon avis a changé… Je trouve ça intéressant malgré le fait que ça paraisse « pas fini ». Mais après, généralement, je chronique ~2 semaines après la lecture pour pouvoir voir sous un autre angle et chercher l’explication de l’auteure et d’autres critiques.. C’est peu être ça ^^

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      1. Bah je sais pas trop, j’ai eu l’impression en fait d’être comme ces badaux qui se sont agglutinés devant l’appartement. On était au cœur de l’histoire mais l’auteure a refusé de nous donner l’élément le plus essentiel, celui qui permet de comprendre l’horreur et d’avoir la réponse à la question que tout le monde se pose en commençant ce roman : Pourquoi? J’ai lu ce livre il y a deux ans je crois et je n’ai toujours pas changé d’avis à son sujet^^ Je ne le comprends toujours pas en fait 🙂

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        1. Oula, encore une fois je suis désolée pour le délai… Je n’avais pas vu le commentaire et problème de gestion du blog ces temps-ci…

          Du coup d’accord, je vois tout à fait ce que tu veux dire… J’avais la même impression au début, mais après avoir lu des interviews de l’auteure mon avis à changer haha elle a une drôle de vision pour son livre ^^

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  2. Je viens de le finir et la fin me convient vraiment bien, parce que c’est comme dans la vraie vie : on ne sait jamais vraiment pourquoi les choses basculent jusqu’à l’extrême. Et c’est fascinant, de voir les indices sans savoir à quel moment ça devient « trop »

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    1. Oui c’est exactement ça… Dans la vraie vie on ne voit que très rarement les signes avant que tout bascule et après on se pose les questions. Là on est lecteur donc ça change… Mais oui je suis tout à fait d’accord avec toi ! ^^

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