Récit de vie

La fille aux sept noms de Hyeonseo Lee

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Résumé de l’éditeur.

Hyeonseo a grandi dans l’amour de sa patrie, la Corée du Nord. Mais la disparition énigmatique de son père, la mort de l’infaillible Kim Il-sung et la famine qui se propage ébranlent sa ferveur. La fougue de l’adolescence fait le reste et la porte alors de l’autre côté de la rivière, en Chine. Là-bas, elle apprend à se cacher, en mûrissant le projet réunir sa famille dans le monde libre.

Hyeonseo Lee est née à Hyesan, en Corée du Nord. À 17 ans, elle quitte clandestinement son pays. Après une conférence TED aux États-Unis, elle devient la voix des transfuges nord-coréens à travers le monde. Elle vit aujourd’hui à Séoul où elle se consacre à la défense des droits de l’homme.

Quand on quitte la Corée du Nord, on ne quitte pas un pays mais plutôt une autre galaxie. Je sais que je n’en serai jamais vraiment libérée où que j’aille.

La fille aux sept noms

C’est le genre de livre qui ne laisse pas indifférent, qui laisse mille et une pensées, qui apprend et fait ouvrir les yeux et pourtant… Cette histoire était tellement forte que j’ai du mal à mettre des mots dessus. 

La fille aux sept noms, c’est l’histoire d’une enfant ayant grandi en Corée du Nord. Une petite fille qui partage son vécu en tant que femme et en tant qu’ancienne habitante d’un pays sans liberté, un pays où tout le monde est manipulé, où la classe sociable est définie selon le Songbun, la valeur d’un être comme étant un « bon citoyen ». Petite définition :

Le système de castes. Le Songbun est un système de discrimination mis en place par le gouvernement nord-coréen dans la période d’après-guerre pour récompenser les fidèles du régime communiste de Kim Il-sung (dirigeant de 1948 à 1994) et punir les collaborateurs japonais ou les dissidents politiques. Les informations concernant le Songbun étant toutes classées confidentielles, il est difficile d’obtenir des informations, si ce n’est en recueillant les témoignages de réfugiés s’étant enfuis du pays. Songbun signifie littéralement « ingrédient » ou encore « contexte ». Cette politique fut lancée à la fin des années 50 en s’inspirant de la nomenklatura soviétique. À sa création, le Songbun divise la société en trois classes sociales, revues au nombre de cinq dans les années 2000 et subdivisées en 51 catégories suivant la profession des individus et leur degré de loyauté au régime. Initialement, la population est répartie comme suit :

Vu sur : le site de Keulmadang, les littératures de Corée https://keulmadang.com/2019/03/22/thematiques/une-societe-en-metamorphose/la-coree-du-nord-et-son-systeme-de-castes-le-songbun/

J’avais six ans lors de mon entrée à l’école primaire d’Anju. Et bien que je fusse bien trop jeune pour en avoir conscience, cela marqua un tournant dans mes relations avec mes parents. D’une certaine façon, je ne leur appartenais plus. J’appartenais à l’État.

Ce mot suffit pour donner un aperçu de l’ambiance nord-coréenne. Hyeonseo a la chance d’être née dans une famille avec un Songbun élevé. Elle ne manquait de rien et sa famille semblait mener une vie confortable. À côté de cela, elle nous raconte l’endoctrinement qu’elle connait dès l’école avec « le Grand Dirigeant » comme héros national. Des histoires fabuleuses sont racontées à son sujet, son image est respectée. Il est raconté que des hommes ont sauvé son tableau lors d’incendies, qu’importe le danger encouru. En revanche, si une mauvaise action est faite voisins, familles et amis doivent se dénoncer. Le problème avec ce système, c’est que plus la société est opprimée et plus les trafics et la corruption sont omniprésents. Sans pourtant être vraiment là. Parce que les Nord-coréens sont la meilleure nation, un peuple qui ne connait pas la pauvreté, mange à sa faim. C’est bien évidement faux, tout n’est que légende et manipulation. Il est dit que la Corée du Nord n’a pas déclaré la guerre à la Corée du Sud mais l’inverse, en Chine tout le monde meurt de faim etc. Et ça personne n’en a vraiment conscience. Du moins pas avant être passé de l’autre côté du miroir.

Je comprenais son interdiction mais c’était plus fort que moi, je rêvais d’élargie mon horizon, de voir le monde. A mes yeux, la Chine représentait ce nouveau monde. Plus que tout, je désirais savoir si ce que j’avais vu à la télévision était bien réel.

Je m’arrête ici au sujet de l’histoire, pour laisser découvrir son passage en Chine. Parce que comme le dit l’autrice, sa fuite est en partie dû à la géographie de son village, aux pattes graissées, à la position de sa famille et surtout à l’instinct. Au cours de la lecture, on découvre une femme forte, courageuse et tellement intelligente. Sa situation est bien particulière, son histoire est dite bouleversante mais ce qui m’a le plus touchée c’est la force et la visée de son témoignage.

En dehors de toute la souffrance que cause une fuite, ou le sentiment de ne se sentir nulle part chez soi, les sujets abordés qui m’ont marqué dans ce livre sont les suivants :

  • La corruption, ou plutôt à quel point c’est quelque chose de banal, trafic de drogue, de corps n’ont pas vraiment de limites.

  • La chirurgie esthétique.

  • Les croyances : voyance, esprits, fortune ??

  • La place des femmes dans les sociétés (sexistes)

  • Le commerce autour des femmes.

  • Les mariages arrangés.

  • Les prisons pour femmes.

  • Les standards selon les pays (au niveau du mérite, de la place sociale, de la langue…)

  • En France l’Histoire aussi cache de nombreuses choses. Et les manuels scolaires n’ouvrent pas vraiment au monde.

Petite citation de Dooz Kawa (<3)

Parlons du fond du cœur de la vérité vraie du monde

Depuis toujours c’est les vainqueurs qui violent et qui fécondent

Pour dire « On a baisé vos femmes on est les leaders génétiques »

La domination animale, ce vieil instinct archaïque…

Tous les assassins d’naguère sont des héros s’ils gagnent la guerre

Nagasaki, Hiroshima qu’en disent les manuels scolaires ?

Le savoir est une arme –

Pour aller plus loin

Je tiens juste à préciser deux trois trucs niveau spoiler. Aujourd’hui son histoire est très connue, en partie grâce à ses conférences TEDx (lien en dessous). Personnellement, avant de commencer le livre, j’avais simplement lu le bordereau annonçant que c’est l’histoire d’une transfuge nord-coréenne et que son histoire est beaucoup lue. N’ayant jamais lu de témoigne nord-coréen, je préférai lire pleinement l’histoire de ses sept prénoms avant de voir les vidéos. Je ne voulais pas en savoir trop, même si, effectivement, comme son livre est sorti certains éléments sont évidents… Donc si vous n’avez pas peur du spoil et que ça vous intéresse, n’hésitez pas à regarder les conférences, dans le cas contraire… FUYEZ :p

  • My escape from North Korea | Hyeonseo Lee

  • Why I escaped from my brainwashed country | Hyeonseo Lee | TEDxKyoto

3 réflexions au sujet de “La fille aux sept noms de Hyeonseo Lee”

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