La ville apparaît dépeinte ici comme le théâtre d’une misère morale. Une attention sensible portée à ses matériaux l’associe d’emblée à la brutalité et plus généralement à l’absence d’humanité. Le JE poétique paraît en lutte perpétuelle avec une forme d’obscurité profonde qui inonde sa vision et lui confère cette position d’étranger. L’écriture vient compenser une expérience de vie douloureuse trouvant son salut dans le langage, et l’esprit se libère dans la langue.
Quatrième de couverture :
« L’auteur aborde des sujets d’actualité comme l’écologie, ou la question migratoire, c’est pourquoi ce recueil constitue une oeuvre qui s’inscrit aussi dans son temps. Oscillant entre désillusion et célébration, faisant l’éloge du monde végétal, animal, de la femme, et de la nuit, Gabriel Henry se fait occasionnellement le chantre du romantisme, voire du féminisme. Tandis que l’enfance demeure omni-présente, le motif fluvial réitère le courant du temps qui passe et coule, inéluctable, sans que l’on puisse remonter à l’aube de l’humanité, dans le laboratoire des tubes à essai. La création est une ode qui porte un désir de monde neuf, dans lequel l’âme se renouvelle, et où l’existence a un sens. »
Benjamine d’une fratrie de quatre enfants, Crevette entre dans une sorte de transe à chaque nouvelle nuit de pleine lune depuis la disparition de son père pilote d’essai. La gamine rêve d’atteindre la lune, car elle croit que l’avion de son père s’y est écrasé, ce qui expliquerait pourquoi les enquêteurs n’ont jamais retrouvé les débris de la carcasse.
La grande bâtisse dans laquelle vit toute cette famille participe à la mélancolie ambiante. Sa mère, veuve éplorée, est tentée par le suicide, tandis que ses frères jumeaux, surnommés les « Twins », prennent leur distance avec le domicile familial. Sa sœur aînée, Sister, se mure dans sa chambre pour oublier son père. Elle va néanmoins essayer de faire parler sa sœur lors d’une séance mémorable d’hypnose.
Crevette s’accroche à son idée de faire revenir son géniteur, Daddy. Elle trouvera en la personne d’un SDF un soutien inespéré. La gamine parviendra-t-elle à rendre plausibles ses rêves d’enfant ? Et si la vérité était pire que le rêve ? Comment Crevette, du haut de ses 8 ans, fera-t-elle basculer les pièces complexes du jeu de la vie ?
Abattu par la mort de celle qu’il aime, Baltus sombre dans une dépression qui frôle les excès des dérives interdites. De son chagrin naît un étrange pouvoir, il se met à avoir des visions. Ne trouvant pas de réponse à son mal de vivre, il décide de quitter la Hollande. C’est sur une île en Sicile qu’il trouve une paix intérieure. Un jour, pourtant, une journaliste vient perturber son repos. Quel est ce don qu’on lui attribue et par lequel il se serait illustré quelque temps plus tôt ? La paix intérieure commence déjà à bouillir !
les échos invisibles – premier tome
Un scénario sombre…
Dans le premier volume de cette saga, Tony Sandoval dévoile un Baltus fou amoureux sombrant dans le déni. Suite à la mort de sa bien-aimé Monica, le jeune photographe se remémore les beaux moments qu’ils connurent. On plonge dans son incompréhension, sa colère, son amourfou et sa souffrance. Ses sentiments sont racontés avec beaucoup de justesse et de rage. Il est rare de voir une telle beauté dans un si grand désespoir. Ce chagrin prend une tournure fantastique lorsque Baltus est tourmenté par des hallucinations, renforçant son mal-être, et permettant de mieux le comprendre. On s’attache au personnage, et éprouve de la compassion à son égard. L’histoire, profonde, défile rapidement le long des pages !
Dans le second tome, et après une ellipse de vingt ans, on redécouvre le personnage de Baltus toujours rongé par la perte de celle qu’il aimait. Cependant, il semble avoir acquis une forme de sagesse. Il ne reste plus qu’à se demander si l’arrivée de la jeune et belle journaliste ne bousculera pas son fragile équilibre.
…et des illustrations magnifiques.
Le trait de crayon de Grazia La Padula est fait pour ce scénario ! Ses beaux dessins se marient bien avec l’univers décalé de Tony Sandoval. Sous la mise en scène sombre se cache un graphisme travaillé avec des changements de cadrages permettant de ressentir la scène. La palette de couleurs blafardes et sombres rend compte d’un univers dénué de joie. Aussi, les changements de couleurs semblent transposer l’évolution de Baltus à travers les deux tomes. Les têtes disproportionnées des personnages les rendent plus humains. Leurs émotions sont ainsi mieux marquées.
les échos invisibles – second tome
Mon avis 😊
J’ai découvert les Echos invisibles en feuilletant les pages au magasin, et je suis tombée sous les charmes des dessins. Je les trouve tout simplement magnifiques ! En lisant la série, j’ai été submergé par l’univers sombre de Baltus, et par sa psychologie complexe. Le travail du scénariste et de l’illustratrice match, et créer une histoire qui questionne. Petit point négatif, j’ai trouvé qu’en nous envoyant toute cette sensibilité, le récit se révèle assez platonique.
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